Etapes - Poésies du Docteur Paul Goy

LA MAISON DU SAGE

I

Dès l'aube elle connaît les ferveurs d'un cantique.
Le maître, avec tendresse, a nommé le sentier
Qui voit l'eucalyptus, le ciste forestier,
Délivrer leur parfum, matinal et rustique.

Tout est beauté ! le cap rocheux, le ciel attique ;
Le golfe sans remous propice au chalutier.
La palme glorieuse et noble du dattier,
Le soleil qui s'attarde aux grâces du portique.

L'or a cerné le cap, enluminant la mer ;
Et sensible aux joyaux de la fleur coutumière,
La mer bannit le givre offensif de l'hiver ;

Le chêne se prévaut d'une ombre hospitalière
Il redit la clémence et l'amitié de l'air ;
... De la maison, s'envole une ode à la lumière.

II

L'être qui, d'un destin, subit l'âpre décret,
Possède en ce haut lieu, un idéal refuge.
Nui ici n'interdit, ne censure et ne juge
Ceux que révolte un monde oppresseur et secret.

Sous leurs yeux, le jardin rupestre et sans apprêt ;
Plus loin, la vaste mer, son calme ou son déluge ;
lmmanente beauté, sublimant le transfuge,
Déserteur de la foule aux rumeurs sans attraits.

Dans les pudeurs de l'aube et le chant du silence,
Et jusque dans l'odeur de la plante et de l'air,
Passe un souffle propice à nos conflits amers ;

L'on dirait, d'un berceau, la subtile cadence,
Qu'une exacte présence aux inlassables mains,
Recommence, appelant de meilleurs lendemains.

 


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