Jeudi 15 Février 1962 – Page 5
LE PROVENÇAL
PERTUIS
EXEMPLE
DE TRAVAIL, DE BONTE ET DE SAGESSE
DEVANT
SON BEL HORIZON MARIN
Le
docteur Paul GOY cultive son jardin…
et la rime, en rêvant à Pertuis
« La Sagesse n'a rien d'austère ni d'affecté ; c'est elle qui donne
les vrais plaisirs.
« Elle seule sait les assaisonner pour les rendre purs et durables.
« Elle sait mêler les jeux et les ris avec les occupations graves
et sérieuses.
« Elle prépare le plaisir par le travail et elle délasse du travail
par le plaisir. »
(FENELON)
Tous
ceux qui connaissent M. le docteur Goy ne s'étonneront pus de nous
voir emprunter à Fénelon cette citation.
Durant vingt-trois années, le docteur Goy fut pour les
Pertuisiens et pour les populations environnantes un praticien estimé,
un homme dont la finesse et le jugement étaient recherchés.
II reste, après dix ans de séparation, si près du cœur de
ses anciens concitoyens, que nous avons tenu à le lui rappeler sans détours,
conscients de nous faire l'interprète de tous ceux (et ils sont
nombreux) qui l'ont aimé et qui lui gardent une fidèle et admirative
considération.
Le
docteur Paul Goy,
un visage ami que l'on aime évoquer.
(Photo "Le provençal", Pertuis.)
Méditation
Le
docteur Goy, vous le devinez, ne reste pas inactif !
« Tout en veillant sur mon jardin, nous écrit-il, je médite
devant ce bel horizon marin ! » La
méditation, cette pure forme de la sagesse, sied bien au docteur Goy.
De
son Crestois natal, qu'il adore et auquel il reste si attaché, à ta
retraite paisible et parfumée du Rayol, l'un des plus beaux sites de
la Côte d'Azur, Pertuis demeure l'étape professionnelle la plus
importante dans la vie du docteur.
Nous ne nous étendrons
pas sur les qualités du médecin. Elles furent unanimement appréciées,
surtout à une époque troublée où il était difficile d'exercer !
Nous conservons au cœur cette image populaire de l'impassible
praticien juché sur une interminable bicyclette, rendant visite par
n'importe quel temps, bien abrité sous une cape !
Quelle
belle et noble silhouette, que n'eut pas désavouée A.-J. Cronin !
Déjà, dans la bibliothèque de sa maison, rue Colbert, son
cabinet terminé, le docteur Goy trouvait encore le temps de lire et
d'écrire. Homme d'une rare culture, il fut aidé, pas assez longtemps
hélas, par sa chère épouse, dont le talent littéraire et
artistique n'avaient d'égal que son extraordinaire et généreux sens
social.
Une
jolie plaquette de vers
La
sortie, il y a quelques années, d'une jolie plaquette intitulée
"Les poètes patois de la Ville de Crest, en Dauphiné" bien
qu'elle n'ait pas pas constitué aux yeux de son auteur, ni de ses éditeurs
une "affaire de librairie", mérite toute notre attention.
Tout en chantant l'originalité et la saveur de la langue première
de ce Bas-Dauphiné, le Docteur Goy n'a pas seulement servi et enrichi
son folklore natal, mais il a également prouvé son indiscutable
talent de poète et de fin lettré.
Amoureux épris des beautés naturelles, il confie à sa plume
sincère et spirituelle ses joies et ses tourments, son admiration et
son étonnement.
C'est
sa simplicité qui s'enflamme pour un paysage, son enthousiasme qui éclate
devant la vérité, sa révolte qui gronde devant l'injustice, qui
nous plaisent dans l'immense honnêteté du docteur Goy.
Une
attachante œuvre poétique
C'est
tout cela que nous retrouverons dans une oeuvre poétique que prépare
notre illustre concitoyen. Elle consistera en trois recueils : «
Etapes » (sonnets et poèmes), « Contes et Fables », et le troisième
réunira deux oeuvres dramatiques.
Tout
cela fut commencé à Pertuis et si la retraite s'emploie à parfaire
cette oeuvre, le docteur Goy soigne ses légumes et ses fleurs.
«
Cher docteur," permettez-nous de vous assurer de l'affectueuse
sympathie d'une cité qui ne vous a
pas oublié et qui souhaite de tout son cœur vous savoir jouir encore
longtemps d'une douce et paisible retraite... »
Nos
lecteurs auront la primeur d'un des « Sonnets » figurant dans «
Etapes ». Le docteur Goy a gardé au cœur ce terroir, paysage qu'il
aimait à découvrir, simple, rude comme nos hommes de la terre...
TERRE...
La
ruche et l'amandier s'éveillent aux garrigues
Et bientôt la tulipe étonne le jardin.
Gardienne des labours que la Durance irrigue
La Bastide rend grâce au soleil comtadin.
*
* *
Le
pécher se revêt de rose incarnadin
Et le maître du sol, que le cirrus intrigue
Visite les châssis et de même la digue
Où veille le cyprès, obstiné paladin.
*
* *
Aux
matine indécis, comme aux lents crépuscules
Interrogeant la course et la rumeur du vent
Pertuis connaît le pas accoutumé des mule.
*
* *
L'animal
sait Ie puits, le vignoble au Levant ;
Et, docile à la voix qui nomme et qui stimule
Berce au gré des saisons, le char, l'homme et l'enfant... »
Dr
Paul GOY.
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