LE VIEUX JARDINIER
Sa démarche est pesante
et sa paume est calleuse ;
L'effort voit renâcler ses genoux et son dos ;
Mais sa ténacité veille, miraculeuse,
Si, d'un corps assoupli, l'été ¡u¡ fait cadeau.
Dés l'aube, il a chassé
le clan des pies voleuses,
Visité les semis qu'il faut abreuver d'eau ;
Il voit lever la graine, et, tendant le cordeau,
Repique les plançons pour la saison frileuse.
Mais quand décembre
rôde, et qu'un épais brouillard
Déjà ternit la plante et surprend la vermine,
Sa brouette, à la fois cercueil et corbillard,
Assemblant l'outillage, au repos l'achemine.
Et lui, prés des tisons, comme fond les vieillards,
Il passera l'hiver ;... un lourd chagrin le mine.
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